Édition du vendredi 7 septembre 2018
Suppression du numerus clausus : le « oui mais » des maires
L’information a été révélée avant-hier par France info et n’a pas été démentie par le gouvernement : le président de la République, qui présentera le 18 septembre ses orientations en matière de santé, pourrait annoncer la fin du numerus clausus. Si les maires demandent régulièrement des mesures pour faire face à la pénurie des soins, beaucoup estiment que cette mesure ne pourra, à elle seule, résoudre la question de la désertification médicale.
Le numerus clausus, c’est ce système instauré en 1971 qui vise à limiter artificiellement, le nombre de futurs médecins – mais aussi de dentistes, de pharmaciens ou de vétérinaires – qui sortent chaque année de la faculté, en fixant par arrêté ministériel le nombre maximal de places en deuxième année. La possible suppression de ce système n’est pas tout à fait une nouveauté : le Premier ministre, en février dernier, l’avait déjà évoquée, à côté d’autres hypothèses comme l’augmentation du quota ou un système de « modulation selon les universités » plutôt qu’un quota national. Hier, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a confirmé sur RMC que « plusieurs hypothèses sont sur la table », tout en estimant qu’une « dérégulation totale » n’est « pas souhaitable ». Elle a en tout cas clairement déclaré que le dispositif envisagé par le gouvernement verrait « la fin du concours brutal de première année ».
Interrogé ce matin par Maire info sur la possible suppression du numerus clausus, le président de la commission Santé de l’AMF, Bernard Vauriac, maire de Saint-Jory-de-Chalais, en Dordogne, ne boude pas sa satisfaction : « Cette suppression, on la demande depuis des années, on ne va pas s’en plaindre ! ». Mais il estime que cette mesure, si elle est « nécessaire », ne sera pas suffisante pour résorber les déserts médicaux. « D’abord parce que toute évolution du numerus clausus ne se fait sentir que sept ou huit ans plus tard » – puisqu’il agit sur le nombre d’étudiants en début d’études. « Dans le meilleur des cas, on aurait donc une évolution qui n’interviendrait pas avant 2025… » Pour Bernard Vauriac, cette réforme devrait donc impérativement s’accompagner d’autres évolutions, en particulier « une revalorisation du métier de médecin généraliste, car ce sont avant tout les généralistes qui font défaut dans nos campagnes. La profession et l’État doivent se mobiliser pour donner davantage d’attractivité au généralisme. »
Améliorer l'attractivité
Mais la question essentielle est le fait que l’augmentation du nombre de médecins n’aboutirait pas mécaniquement à une meilleure répartition entre villes et territoires ruraux. Pour le maire de Saint-Jory-de-Chalais, il faudrait encore davantage de mesures incitatives pour pousser les jeunes médecins à s’installer à la campagne. « Les élus, de leur côté, ont beaucoup donné, et font tout ce qu’ils peuvent pour trouver des solutions, par exemple en mettant des locaux à disposition des médecins. »
Le débat existe, chez les maires comme ailleurs, sur la question de savoir si l’État devrait, comme il le fait pour les jeunes enseignants par exemple, mettre en place en début de carrière un système d’affectation d’office. Si certains maires y sont favorables, et d’autres non, on sait en revanche que l’Ordre des médecins y est totalement opposé. Dans ce contexte, il semble en effet qu’il n’y ait pas d’autres solutions que de « donner envie » aux médecins de venir s’installer dans les territoires ruraux, comme le dit Bernard Vauriac, ce qui ne se limite à la question des locaux ou de la rémunération : « L’aspect culturel n’est par exemple pas à négliger, il faut que les médecins, ou leur famille, sachent qu’ils peuvent accéder facilement à une offre culturelle ou à des loisirs. » De même, il paraît évident que la question de l’aménagement numérique joue un rôle considérable dans ce débat – tant il est certain qu’un médecin n’aura guère de motivation à s’installer dans un secteur non équipé du haut débit voire… où le téléphone mobile ne passe pas.
Une des solutions sera-t-elle, comme semble l’espérer le gouvernement, le développement de la télémédecine ? On sait que par arrêté, au mois d’août, il a été acté que les téléconsultations médicales seront ouvertes à partir du 15 septembre prochain. Sur ce sujet, et sans en critiquer le principe, Bernard Vauriac se montre pour le moins circonspect : « Nous avons dans nos campagnes toute une population âgée et peu familière avec l’informatique et internet. L’outil est intéressant, mais je ne suis pas sûr qu’elle représente une solution réellement utilisable par ces personnes… ».
Rendez-vous maintenant le 18 septembre, pour les annonces officielles du président de la République. Fin novembre, lors du Congrès des maires, toutes ces questions auront l’occasion d’être largement discutées lors du débat qui aura lieu le mercredi 21 novembre, à 9 h30, sur le thème : « Inégalités d'accès aux services essentiels de proximité: quels constats ? Quels leviers ? ».
Le numerus clausus, c’est ce système instauré en 1971 qui vise à limiter artificiellement, le nombre de futurs médecins – mais aussi de dentistes, de pharmaciens ou de vétérinaires – qui sortent chaque année de la faculté, en fixant par arrêté ministériel le nombre maximal de places en deuxième année. La possible suppression de ce système n’est pas tout à fait une nouveauté : le Premier ministre, en février dernier, l’avait déjà évoquée, à côté d’autres hypothèses comme l’augmentation du quota ou un système de « modulation selon les universités » plutôt qu’un quota national. Hier, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a confirmé sur RMC que « plusieurs hypothèses sont sur la table », tout en estimant qu’une « dérégulation totale » n’est « pas souhaitable ». Elle a en tout cas clairement déclaré que le dispositif envisagé par le gouvernement verrait « la fin du concours brutal de première année ».
Interrogé ce matin par Maire info sur la possible suppression du numerus clausus, le président de la commission Santé de l’AMF, Bernard Vauriac, maire de Saint-Jory-de-Chalais, en Dordogne, ne boude pas sa satisfaction : « Cette suppression, on la demande depuis des années, on ne va pas s’en plaindre ! ». Mais il estime que cette mesure, si elle est « nécessaire », ne sera pas suffisante pour résorber les déserts médicaux. « D’abord parce que toute évolution du numerus clausus ne se fait sentir que sept ou huit ans plus tard » – puisqu’il agit sur le nombre d’étudiants en début d’études. « Dans le meilleur des cas, on aurait donc une évolution qui n’interviendrait pas avant 2025… » Pour Bernard Vauriac, cette réforme devrait donc impérativement s’accompagner d’autres évolutions, en particulier « une revalorisation du métier de médecin généraliste, car ce sont avant tout les généralistes qui font défaut dans nos campagnes. La profession et l’État doivent se mobiliser pour donner davantage d’attractivité au généralisme. »
Améliorer l'attractivité
Mais la question essentielle est le fait que l’augmentation du nombre de médecins n’aboutirait pas mécaniquement à une meilleure répartition entre villes et territoires ruraux. Pour le maire de Saint-Jory-de-Chalais, il faudrait encore davantage de mesures incitatives pour pousser les jeunes médecins à s’installer à la campagne. « Les élus, de leur côté, ont beaucoup donné, et font tout ce qu’ils peuvent pour trouver des solutions, par exemple en mettant des locaux à disposition des médecins. »
Le débat existe, chez les maires comme ailleurs, sur la question de savoir si l’État devrait, comme il le fait pour les jeunes enseignants par exemple, mettre en place en début de carrière un système d’affectation d’office. Si certains maires y sont favorables, et d’autres non, on sait en revanche que l’Ordre des médecins y est totalement opposé. Dans ce contexte, il semble en effet qu’il n’y ait pas d’autres solutions que de « donner envie » aux médecins de venir s’installer dans les territoires ruraux, comme le dit Bernard Vauriac, ce qui ne se limite à la question des locaux ou de la rémunération : « L’aspect culturel n’est par exemple pas à négliger, il faut que les médecins, ou leur famille, sachent qu’ils peuvent accéder facilement à une offre culturelle ou à des loisirs. » De même, il paraît évident que la question de l’aménagement numérique joue un rôle considérable dans ce débat – tant il est certain qu’un médecin n’aura guère de motivation à s’installer dans un secteur non équipé du haut débit voire… où le téléphone mobile ne passe pas.
Une des solutions sera-t-elle, comme semble l’espérer le gouvernement, le développement de la télémédecine ? On sait que par arrêté, au mois d’août, il a été acté que les téléconsultations médicales seront ouvertes à partir du 15 septembre prochain. Sur ce sujet, et sans en critiquer le principe, Bernard Vauriac se montre pour le moins circonspect : « Nous avons dans nos campagnes toute une population âgée et peu familière avec l’informatique et internet. L’outil est intéressant, mais je ne suis pas sûr qu’elle représente une solution réellement utilisable par ces personnes… ».
Rendez-vous maintenant le 18 septembre, pour les annonces officielles du président de la République. Fin novembre, lors du Congrès des maires, toutes ces questions auront l’occasion d’être largement discutées lors du débat qui aura lieu le mercredi 21 novembre, à 9 h30, sur le thème : « Inégalités d'accès aux services essentiels de proximité: quels constats ? Quels leviers ? ».
F.L.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2